KirbyX a écrit :Bien dit OP !

En même temps, c'est pas parce qu'on accepte la mort qu'on doit l'accueillir à bras grands ouverts, je suis pas pressé de mourir

Bien sûr, faut pas avoir une attitude suicidaire, mais il faut tout simplement l'accepter, et peut être plus tôt qu'on le voudrait ^^ et repousser cette mort n'est pas productif aussi, de dire "je sais que je vais mourir un jour, mais je la repousse pour me rassurer" dis toi que tu peux mourir maintenant, il faut quelque part s'entraîner à mourir avant la vraie mort ^^
rouroulio_alucardo a écrit :En même temps on ne met plus les cimetières dans les villes car il paraît que c'est malsain que ça apportait des maladies mais bon c'était dans l'ancien temps et c'est resté^^ dites moi si je dis des conneries...

C'est surtout qu'on a commencé à refuser de voir que la mort existait c'est tout.
Martinus a écrit :
Je suis d'accord.
On le prend pas comme un mal moi pas en tout cas. C'est juste une question de croyance, rien à voir avec la consommation en ce qui me concerne. Pour moi la mort représente la fin, le néant et c'est pas plus mal, ça me force à essayer de profiter de la vie en autant que je le peux, sans faire des conneries dangereuses et stupides.
Je sais pas si je fêterais la mort, mais je ne serai pas tellement triste non plus, ça reste quelque chose d'inévitable comme tu dis et on doit l'accepter naturellement, même quand on te l'annonce longtemps à l'avance à cause d'un cancer par exemple. C'est le but à atteindre et cette démarche est personnelle à chacun. Certains le font avec la religion comme tu le montre, d'autre avec des expériences qui les ont touchés directment comme que d'avoir frôlé la mort après un accident d'auto ou d'hôpital. Et il y a peut-être d'autre moyen d'y parvenir.
Une fois que c'est atteint, plus besoin de se pourrir la vie avec une certaine paranoia de la mort comme on veut nous donner parfois.
Là je parle d'un point de vue général, on refuse la mort sur tous les angles, avec la longévité croissante de la vie, de la chirurgie esthétique qui nous fait rajeunir, on a aussi mis la mort comme du spectacle (voir des morts à la TV ou dans les JV ça fait pas peur, parce que c'est de la mort spectacle) on a décrédibilisé la mort, mais notre propre mort on veut pas en entendre parler, comme si ça devait pas exister. On a oublié ce que c'était vraiment, et quand ça arrive à quelqu'un de proche, ça fait très mal. Et je pense qu'on est à ce stade parce qu'on voit la mort comme le néant, malgré des croyances de consommation. Je pense que quelqu'un qui est vraiment croyant ne doit pas flipper de la mort, ça devrait être évident.
Après la mort elle est représenté suivant les positions qu'on a avec elle, si elle représente le néant comme tu le penses, il est normal d'y avoir peur comme Voltaire qui ne veut pas la voir en face, ou au contraire avec Epicure qui dit qu'elle n'est rien puisqu'on n'est plus une fois mort.
Et puis on pense aussi à l'après-vie, avec l'âme hors du corps, comme on peut le voir avec les expériences de mort imminente qui sont à ce jour pas explicables par la science, et puis on a aussi la réincarnation.
Je tiens à citer une interview de Hubert Reeves sur ça qui est très intéressante et qui peut tout simplement nous faire preuve de moins de certitudes sur nos avis vis à vis de la mort :
Claude Lelouch: Et Hubert Reeves, l'homme que nous connaissons, a-t-il peur de la mort? Votre façon d'observer le ciel vous a-t-elle rassuré sur la mort, ou, au contraire, a-t-elle développé votre inquiétude? Appréhendez-vous ce moment? En êtes-vous curieux? Encore une fois, quelle est votre intime conviction, au-delà même du savant que vous êtes?
Hubert Reeves: Il y a quelques années, une amie m'a téléphoné pour me demander un service. Sa mère venait de mourir et devait être enterrée très prochainement. La famille n'étant pas croyante, il n'y avait pas d'office religieux. Son père était désespéré à l'idée de mettre sa femme dans la fosse sans qu'une parole soit prononcée. " Comme un paquet de déchets " disait-il. Cette cérémonie silencieuse le terrorisait à l'avance. " Est-ce que je viendrais dire quelques mots au cimetière? " me demandait-elle. Touché de la confiance qu'elle me faisait, et de l'importance que cette demande avait pour elle, j''ai accepté tout de suite. Et ensuite, l'angoisse... Qu'est-ce que j'allais dire? Quelles paroles prononcer à cette occasion? Comment être à la hauteur des attentes du père et de la fille?
Le jour de l'enterrement, il faisait froid, il ventait. Une pluie opaque entraînait des coulées de boue dans. la fosse où on allait mettre le cercueil. Regroupés sous les rares parapluies, quelques personnes se taisaient. Le silence faisait mal.
Pendant la mise en terre, les regards anxieux et suppliants du père et de la fille m'ont indiqué que je ne pouvais pas reculer. Je suis monté sur une petite butte de terre boueuse. J'ai fait part de la demande qui m'avait été faite de dire quelques mots. J'ai eu alors le sentiment intense de la magie de la parole. La pluie continuait mais quelqu'un parlait et tout était changé. Les gens se sont rapprochés.
Je vais essayer de redire les mots qui me sont venus spontanément à cette occasion.
Que devenons-nous après la mort? A cette question que sans doute se posaient déjà les peintres de Lascaux et qu'on retrouve tout au long de l'histoire humaine, il y a trois scénarios particulièrement populaires. Le plus ancien et le plus traditionnel parle d'une après-vie où se retrouvent les parents, les ancêtres et certaines figures de la divinité. Il y a aussi l'idée de la réincarnation sur la Terre et d'une séquence de vies différentes. L'autre plus moderne fait état d'une dissolution dans le néant, résultant de la désintégration du corps et de sa dissolution en atomes. Ce scénario était déjà prôné par le philosophe grec Epicure au IIIè siècle avant J.-C. En gros, c'est à peu près tout ce que les humains ont réussi à imaginer pour répondre à cette angoissante interrogation. Ces scénarios me paraissent à notre "échelle". Notre imagination fonctionne à notre échelle.
Une des leçons de la science contemporaine, c'est que l'univers est infiniment plus imaginatif et inventif que nous. Notre vision de la matière a considérablement changé depuis la naissance de la physique quantique. Elle n'est plus seulement ce vaste jeu de Meccano comme ceux de notre enfance. Elle a cessé d'être "matérialiste" au sens où l'on entendait ce terme à la fin du XIXe siècle. Personne aujourd'hui ne sait vraiment ce qu'est la matière. Son mystère nous échappe de toute part.
Un autre message de la science contemporaine, c'est que, loin d'être "étranger" à l'univers comme le prétendaient certains scientifiques et philosophes du début de notre siècle, l'être humain s'insère dans le mouvement et la complexité toujours croissante du cosmos. Il s'intègre dans une histoire qui dure depuis quinze milliards d'années et qui est marquée par une organisation progressive des formes matérielles, à partir du chaos initial que nous appelons le big bang, jusqu'aux hauts sommets de l'intelligence et de la conscience. Dans cette fabuleuse aventure du cosmos, nous sommes les frères et sœurs des mésanges et des anémones.
Quel rapport peut-on établir entre ces nouvelles connaissances et la question de l'après-mort ? Reprenons, pour percevoir ce rapport, la position scientifique antérieure à l'acquisition de ces connaissances, telle qu'elle était exprimée par le biologiste Jacques Monod, par exemple: "L'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'univers d'où il a émergé par hasard." Ou par Sartre: "Nous sommes de trop." Par Camus: "Nous sommes des étrangers." Dans cette optique, où la vie humaine ne s'insère nulle part, la mort individuelle ne peut être qu'une anecdote sans conséquence. Si la vie ne veut rien dire, alors quel sens peut avoir la mort?
L'éclairage nouveau donné à la vie par son insertion dans le développement du cosmos nous invite à revoir cette situation. Les quinze milliards d'années d'évolution cosmique qu'implique l'existence de chaque être vivant, avec son cortège de galaxies, d'étoiles et de planètes qui ont joué un rôle dans cette gestion, donnent toute sa portée à la vie et , on peut l'imaginer, à la mort elle-même.
Qu'est-ce à dire? Nous n'avons pas la moindre idée de ce qui nous attend et nous sommes probablement incapables de l'imaginer ou de l'intégrer. Encore une fois nos scénarios traditionnels ne reflètent, à mon sens, que la pauvreté de notre imagination.
Je suis très curieux de tout cela. Comment approcher la mort pour savoir ce qu'il y a derrière? " Il y a cette espèce de barrière infranchissable. J'aimerais bien que des amis défunts viennent m'en reparler. Vous pouvez prendre un pistolet et tirer, vous le saurez, mais ensuite ce sera terminé et vous ne viendrez pas le raconter.
Parlons un peu d'un autre mystère tout aussi déroutant. Celui de la naissance. Où était Claude Lelouch, il y a cent ans? Il y avait des milliards de gamètes chez vos grands-parents. Un spermatozoïde est entré un jour dans un ovule et il y a eu Claude Lelouch, mais avant cette rencontre Claude Lelouch était littéralement dans le néant.
Claude Lelouch: Donc vous pensez que la mort a autant d'imagination que la vie?
Hubert Reeves: Je serais prêt à le dire. L'univers manifeste toujours une inventivité époustouflante. J'ai tendance à lui faire la même confiance au niveau de la mort qu'au niveau de la naissance. Affaire à suivre...
