Ouaip... Pis j'crois qu'il ne faut pas sous-estimer les liens entre films et JV.
Contrairement à ce que dit Ole (dans la façon dont je l'ai compris), et même si cela dépend des cas, je ne pense pas que les adaptations JV fassent parties intégrantes du dispositif marketing des producteurs du film. Plus clairement, je pense que, jusqu'à maintenant, les majors du cinéma considéraient les JV comme un moyen d'augmenter les revenus (merchandising) mais peu ou pas comme un moyen d'attirer les spectateurs.
L'éditeur paie sa licence, c'est lui qui décide ce qu'il veut en faire ensuite. Bien sûr qu'il y a un contrôle sur certains points de légalité ou de détails pour être fidèle à la licence, mais c'est tout de même l'éditeur (enfin le dév) qui développe. Pas les 2 ou 3 types de la Major du cinéma qui sont en contact pour relations publiques avec l'éditeur (et donc pas forcément le dév), autrement dit les possibilités de contrôle sur la qualité ne doivent pas être si étendues et recherchées qu'on pourrait l'imaginer et l'espérer...
En résumé, pour moi, le responsable n'est pas le studio de cinéma mais l'éditeur.
Ensuite, comme je le disais au début et relativement à chaque cas, le film et le JV ne sont pas 2 choses distinctes et autonomes, c'est le principe de la licence.
Si vous salissez la licence en JV, cela impacte le film et vice-versa.
Souvenez-vous du dernier Tomb Raider ! Les producteurs du film ont reproché à Eidos d'avoir couler les chances de succès du film en sortant un jeu médiocre.
On va me répondre que le film ne méritait pas de succés... Peut-être ! Mais il est certain que si le dernier TR en JV avait été d'un bon niveau (avec les ventes qui vont avec) le film en aurait largement profité. C'est du donnant-donnant, et dans ce cas précis c'était même l'occasion rêvée pour ressuciter et renouveller la licence.
Enfin sur le cas précis de Matrix, Atari a écoulé 5 millions de jeux au final, c'est énorme, certes, mais le gros des ventes s'est fait à la sortie de Reloaded et en budget avec la sortie DVD.
La pression marketing et l'attente des fans ont été gigantesques à la sortie et le marketing DVD a repris le flambeau à Noël, Atari n'a presque pas eu à débourser un centime pour faire la pub de son jeu, à peine un petit écran pour dire "ETM en magasin"...
Il faut bien comprendre que ce jeu avait tout pour être une bombe intergalactique !
Resituez-vous en arrière, oubliez vos impressions a posteriori et faîtes comme si vous découvriez l'annonce d'un nouveau jeu.
Après la surprise du film Matrix :
- on nous annonce un jeu sur cet univers en tout point génialissime pour une adaption en JV (esthétique, concept, scénario, action, univers),
- on nous annonce que Shiny bosse dessus (Perry, Messiah, talents en réserve),
- on nous annonce que ce sera sur les consoles next-gen autrement dit graphismes de barges, possibilité de vraiment s'immerger dans l'univers,
- on nous annonce enfin que les frangins Wachowsky vont collaborer de manière étroite et intégrer une heure de vidéo inédite.
Aux côtés des animatrix, ce jeu devait être le lien entre Matrix et Reloaded.
A l'heure où l'on se demande de façon récurrente si les jeux vidéo sont un art, ce jeu devait être, et était annoncé comme étant, l'aboutissement du mariage entre le jeu vidéo et le cinéma au travers d'une histoire sur le monde virtuel et le monde réel, vous vous rendez compte de la puissance, de l'ampleur et de l'aura qu'aurait pu avoir ce soft ?
Je suis persuadé qu'avec un éditeur haut de gamme ce jeu aurait pu être, en termes de ventes, le GTA de l'année dernière, 10 millions de ventes à la clé, tout simplement parce qu'il avait le potentiel pour séduire le grand public, les fans de cinéma et les fans de jeux vidéos.
Après il faut se rappeler l'histoire du soft, Shiny appartenait à Titus (encore en vie à l'heure qu'il est) lequel a du vendre le studio au plus offrant pour essayer de survivre (déjà à l'époque). La licence Matrix valait une fortune (+ que le studio) ils ont décidé de vendre le studio ET la licence en même pour faire monter les prix. Tout le monde a fait une offre, y compris Ubi par exemple, mais c'est Infogrames/Atari qui a emporté le morceau.
Coaché par Titus constamment en difficulté, vendu aux enchères, repris pas Infogrames (qui a du suivre la majorité du développement, faudrait pas tout coller à Titus, z'ont déjà assez fait de conneries), les développeurs auraient du être des moines boudhistes adeptes de la méditation depuis leur naissance pour développer en toute sérénité.
Là où Infogrames est coupable, c'est, d'une part, de ne pas avoir de donné de moyens suffisants à Shiny. Quelque soit la situation au moment du rachat, si vous mettez les équipes qu'il faut dessus, vous pouvez remonter la pente. Regardez comment Ubi arrive à faire les versions de Pandorra en faisant bosser les studios français, chinois et américains. Regardez comment Nintendo a repris en main Metroid Prime en quelques mois.
A mon avis, Infogrames avait mis tellement d'argent sur la table qu'ils ont préféré limiter au maximum les frais afin de ne pas perdre d'argent... Cela peut se comprendre du point de vue d'un dirigeant :
Si vous mettez 30 millions sur la table (j'ai pas les chiffres exacts, je les ai connus à une époque et c'était énorme) et qu'on vous annonce qu'il faut en coller 5/10 de plus pour remonter le soft... Millions supplémentaires qui pourraient être utilisés pour développer d'autres softs où les chances de rentabilité sont moins aléatoires... Que faîtes-vous quand vous dirigez Infogrames, géant au pied d'argile construit à coup de rachats de studios et de dettes et qui vient de cloturer sa 4è ou 5è année consécutive de perte ?
D'autre part, dans une perspective d'urgence, Infogrames/Atari est aussi coupable d'avoir absolument voulu sortir leur jeu le jour J pour profiter du dispositif marketing de la Warner et de l'attente des fans. Au pire, s'ils avaient eu un peu de conscience professionnelle, ils auraient pu le sortir avec Revolution, voire un peu avant (et...profiter à plein de Noël où EA a tout dominer). 6 mois de plus et le jeu aurait pu passer de minable à moyen/bon, ne serait-ce qu'au niveau graphique histoire de respecter un peu l'oeuvre originale.
Je m'emballe mais je pense qu'il y a là énormément de choses à dire car la situation est très complexe et touche beaucoup de notions et débats.
Pour recadrer et revenir sur le problème de base, je comprends la position de Warner Interactive.
Avec le travail de sagouins qui a été fait sur Enter the Matrix, la licence a réellement subi un préjudice puisqu'elle a été dévalorisée aux yeux des fans de Matrix et de jeux vidéos, soit pas mal de monde.
D'ailleurs, voyez ce qui s'est passé ensuite, qu'est-il arrivé à Matrix Online (là encore que de potentiel étant donné le concept de Matrix) édité par Ubi ? Croyez-vous que si ETM n'avait pas été aussi médiocre, Ubi aurait lâché si facilement et soudainement ce soft qui, il y a encore un peu plus d'un an, apparaissait comme l'un des futurs maîtres des mondes persistants aux côtés du Warcraft de Blizzard ?
Bien sûr les films, réussis ou non selon les points de vue, ont eu un impact dans cette décision. Le fait que Warner ait récemment décidé de sérieusement se lancer dans les JV a également joué... Mais ETM a sa part de responsabilité puisque désormais quand, dans une discussion de jeux vidéo, vous prononcez le mot Matrix on pense automatiquement
Encore un exemple
(et je vais bientôt lâcher les (imaginaires ?) courageux lecteurs qui ont tenu jusqu'ici), celui de
Prince of Persia. Bien entendu tout dépend du degré d'information du public, mais dans les premiers temps, Ubi a eu le plus grand mal à faire clairement comprendre que leur soft n'était pas une suite à l'opus sorti il y a quelques années sur PC et qui avait été un ratage complet. La licence avait dévalorisée, il a fallu ramer plus fort pour prouver que... le jeu en valait la chandelle !
A la question, Warner a-t-elle subi un préjudice ? Je réponds oui. A la question le jeu vidéo et le film sont-ils indissociables ? Même si cela dépend des cas, je réponds également oui, ce qui justifierait pleinement l'idée de Hall.
On pourrait me citer Star Wars... Beaucoup de jeux médiocres, et pourtant quand les jeux sont bons ça se vend. Je pense que, d'un les ventes pourraient être encore meilleures (là je ne me mouille pas) si les jeux avaient généralement été de meilleure qualité ; de deux que la trilogie est d'abord devenue mythique et que les jeux vidéos ne sont venus que bien après ; de trois que l'univers est assez riche et particulier pour survivre au temps.
A l'opposé, je pense que Matrix est plus contextuel et que par conséquent il aurait fallu un soft mythique au même moment et pas dans 10 ans ; le film traite principalement de réalité virtuelle à l'heure où les jeux vidéos explosent et où nous avons des environnements réalistes et pas la bouillie de pixels ou de brouillard de la génération précédente.
Ce problème de contextualité est d'autant plus vrai qu'ETM devait être un lien chronologique, et faisait donc partie intégrante de Matrix, et qu'il possédait les fameuses scènes vidéos inédites.
Je ne voudrais pas être trop tranché non plus, je ne pense pas que Matrix puisse être repris au cinéma avant longtemps mais en jeu vidéos, tout reste possible. Il y aura Matrix Online... qui ne semble pas à la hauteur des espérances, mais attendons de voir... Et puis il suffit qu'un éditeur veuille réellement tenter le pari, confie le développement à un studio talentueux avec les moyens nécessaire et d'une daube on passera à une licence en or par la force du talent du développeur allié aux concept, univers, etc...
Et le reste justement ? Figurez-vous qu'Atari a encore des droits pour développer 2 autres jeux sur Matrix (ça a été publié sur le dojo), un jeu devait être présenté à l'E3, et bizarrement, il s'est évanoui dans la nature.
Mieux, j'ai lu il y a quelques jours dans un article que, passé leur dernière adaptation de Terminator 3, ils n'avaient plus aucune adaptation de films en réserves !

A part ça Bonnel vous dira que la proposition de Hall est scandaleuse et injustifiée.
