Chat-Minou a écrit :On devine aisément, par exemple, que Pharaoh ira en prépa quand il aura passé son brevet.
Au-delà de l'humour douteux (8)), c'est ce que j'ai fait après mon bac (cette année donc). Et je suis un bg donc je corresponds pas à la description
J'ai jamais eu des notes exceptionnellement hautes à l'école. Bon en primaire j'avais des A et des B en majorité

, mais au collège, j'ai jamais eu plus de 15 de moyenne (en sixième et au dernier trimestre de la troisième), sinon j'étais à 13 par là, avec quand même de grosses facilités en français et dans les matières littéraires en général.
De même en première j'avais des notes bofs, et en terminale j'étais premier de la classe pour la première fois :super: mais avec 13/14. Seulement j'ai jamais rien foutu à l'école, j'y arrive bien parce que c'est facile le lycée, j'aime bien déconner en cours, rigoler avec les profs ou foutre la merde avec les potes depuis toujours (comme en cours d'anglais... mémorable ce prof).
Pourtant j'ai eu mon bac avec mention très bien et c'est ce que je voulais, je voyais pas comment avoir moins, j'ai toujours eu de la chance et je m'en sors toujours dans les moments où il le faut.
Bref après avoir mis en place le décor, voilà le jugement sur la prépa. Déjà c'est ma daronne qui m'oblige. Moi j'ai pas d'ambitions et travailler beaucoup je vois ça d'un mauvais oeil, j'ai jamais été un gros travailleur. Y'a des périodes où je peux ne faire que ça, lire beaucoup, apprendre beaucoup, et d'autres où je ne fais rien. J'ai pas de constance, il me faut des moments propices.
Donc bref j'arrive en prépa, déjà je me crois en France quand je vois aucun négro et aucun bougnoule, ça fait bizarre d'arriver dans ce pays inconnu où on parle le français

Ensuite, les gens sont en grande partie des individualistes, des mercenaires qui s'en foutent de toi, avec qui on peut passer de bons moments à l'école mais dont il ne faut rien espérer en dehors. Je me suis créé aucune attache profonde, au niveau humain c'est le désert. Je parle pas des bourgeois à deux balles ou des gens qui te prennent pour un con parce que tu fais le con et qui se prennent très au sérieux.
Ensuite au niveau scolaire, trop de matières. C'est trop rigide comme parcours. De la géographie toute pourrie, des options minables, des langues

, beaucoup trop d'heures et surtout beaucoup trop de travail intensif. Vu que j'étais dans un lycée de banlieue, le niveau en langues était super pourri et en plus j'aime pas les langues, donc arrivé là, je vois le fossé avec les parisiens et les gens issus de bons lycées. J'essaie de réduire le fossé mais sans motivation vu que j'aime pas ces matières, et de toute façon je vois que je perds mon temps, à côté trop de matières demandent du travail.
Mais surtout, les profs sont des enculés. À ce que je sache, je suis pas une racaille, je me taisais dans mon coin, de toute façon tu peux pas foutre la merde. J'avais des notes pourries et je me désintéressais du cours sans le perturber. Mais pourtant ils aiment bien te détruire avec des vannes ou te considérer comme un parasite. Le prof d'anglais était pas mal dans le genre (une petite pute venue d'Angleterre) mais le prof d'allemand c'est pire. Genre en colle, il voit que je patauge, il me sort que de toute façon c'est pas lui qui va m'apprendre l'allemand. Ensuite il me redemande quelque chose qu'on a vu y'a 5 minutes, mais que j'avais zappé vu qu'il te met dans une situation angoissante où t'es pas à l'aise, et là ce petit bâtard arrogant il sort "même la mémoire courte ne semble pas fonctionner" l'air de se parler à lui-même. Ça paraît drôle rétrospectivement, c'est quand même bizarre à entendre sur le coup.
(de toute façon je me suis dit qu'un jour je reviendrais pour lui péter sa gueule à ce pédo

)
Bon après j'avais pas de notes si mauvaises dans les autres matières, mais avec les 2h de transports minimum par jour, le nombre d'heures, les devoirs, et en plus comme je suis naturellement flemmard et fatigué, j'étais crevé, ça me minait le moral (et en rentrant chez moi j'étais un légume, je pouvais même plus lire ou autres). C'est du genre le matin t'es dans le métro, tu commences par trouver que tous les gens sont des merdes et qu'ils te saoulent, puis peu à peu c'est toi que tu commences à insulter. Et là c'est le bad trip tout seul au milieu d'une classe de bons petits moutons.
Ce qui m'a surpris aussi, c'est que les gens ont beau être très bons dans les matières, ils sont humainement excécrables et en fait consensuels sur plein de sujets. Je pensais découvrir des gens avec qui on peut parler d'idées à contre-courant, mais en fait pas du tout. Certains ont aucune conversation. C'est là que j'ai découvert l'école-prison. Pour moi l'école ça a toujours été voir les potes, rigoler, faire des foots, manger à la cantine à la même table dans une franche camaraderie

Mais là c'était tout le monde mange dans son coin avec chacun son petit groupe.
Y'a quand même quelques avantages. Des cours d'histoire, de français et de philo vraiment super (même d'autres cours où j'ai appris des choses qui m'ont intéressé), une culture renforcée, et puis de toute façon je trouve que c'est bien de savoir comment c'est et de pouvoir en parler en l'ayant fait. Pis maintenant je recommence en première année de fac donc ça va être la promenade, ça me fera une année pépère.
(ah ouais et y'avait quasiment que des thons dans la classe

)
EDIT : pour donner aussi une idée de l'ambiance de merde, pas mal d'élèves sont sous médoc pour tenir le coup (perso je déteste prendre des cafés à outrance, déjà que c'est dégueulasse, et les médicaments hors de question). Et par exemple la prof d'histoire se surmenait tellement qu'un jour elle s'est évanouie dans le couloir et s'est fait une entorse de la cheville. Folle ambiance
