


Modérateur : DojoSuperHeroes
Jo-Wilfried Tsonga a créé la sensation en devenant le troisième Français à soulever le trophée du Masters de Paris.
Enorme, sensationnel, les qualificatifs ne manquent pas pour définir la performance du Manceau, vainqueur en trois manches du très redoutable argentin David Nalbandian 6-3, 4-6, 6-4, après tout juste deux heures d'un match où il fallait garder les nerfs solides. Après 1991 et Guy Forget, 2001 et Sébastien Grosjean, 2008 est l'année de Tsonga !
Le Français fait d'une pierre deux coups, empochant son premier Masters Series, et se qualifiant pour le Masters de Shangai. Le Masters de Paris échappe donc une nouvelle fois au tenant du titre, aucuin joueur n'ayant à ce jour réussit à s'imposer à Bercy deux fois de suite.
Destination Shangai !
Les organisateurs n'y sont pas allés de main morte pour mettre l'ambiance dans un POPB rempli par près de 15000 spectateurs. Le public parisien se préparait à un match opposant le meilleur serveur, au meilleur retourneur du tournoi. Pendant que la sono faisait vibrer les lignes du Court central, Tsonga atendait patiemment dans le long couloir menant au terrain, avec l'oeil d'un guerrier. Nalbandian se rendait quant à lui sur le court sans trop savoir comment se comporter face à cette horde de supporteurs en délire. Tsonga, entrait visiblement dans l'arène avec la volonté d'en découdre, tel un boxeur. Souvent comparé physiquement à Mohamed Ali, le joueur de 23 ans en jouait, et donnait plus l'impression d'un boxeur que d'un tennisman !
Le premier jeu allait donner rapidement le tempo du match, le Français gagnant sans problème sa mise en jeu sur un jeu blanc et un premier ace, le premier d'une très longue série. Face à l'excellent retourneur, Tsonga avait d'ores et déjà pris la mesure, et trouvé l'une des clés du match. Restait à savoir si l'Argentin allait répondre présent sur son service. Mais à la plus grande joie des supporteurs de Tsonga, ce dernier balladait littéralement son adversaire en jouant les essuie-glaces et faisait le break d'entrée. Menant alors 3-0, et gonflé à bloc par le public omniprésent, Tsonga sentait qu'il allait vivre un grand moment de sa carrière.
Confirmant son break grâce à un service toujours aussi percutant, le nouveau chouchou du public français menait déjà 4-1 après un petit quart d'heure. Une performance face à l'un des tous meilleurs joueurs mondiaux. Crispé par tant de réussite, Nalbandian jouait de malchance et multipliait les fautes directes. Son sang-froid permettait à Tsonga de sauver deux balles de break, une situation qui n'était pas arrivée lors de sa demi-finale face à James Blake. Ainsi, Tsonga faisait preuve de cranc et d'autorité sur son service, claquant les aces comme on claque les mouches. Quelque peu aidé par le filet, alors que le Manceau avait envoyé un missile air-sol dont il a le secret, le natif de Cordoba survivait à 5-3. Mais le mal était fait, et Tsonga ne comptait pas panser ses plaies, enlevant la première manche 6-3 en un peu plus d'une demi-heure.
Après une ola du public parisien, les deux hommes repartaient au combat. Les affaires de Tsonga s'engageaient plutôt bien dans les échanges, lui qui réalisait notamment un retour remarquable pleine ligne, qui laissait de glace Nalbandian. Celui-ci gardait néanmoins une lucidité suffisante pour remporter sa mise en jeu, et faire course en tête dès le début de cette deuxième manche. Mené 2-1, Tsonga n'avait plus le choix que de maintenir la cadence et enchaîner les aces. Il suffisait d'entendre le bruit de la balle pour comprendre que Nalbandian n'avait eu aucune chance d'intercepter la roquette (2-2).
Le Français rendait la monnaie de sa pièce à l'Argentin, mais au fil des échanges, Nalbandian haussait clairement son niveau technique et prenait ainsi confiance en lui. Alors que Nalbandian restait toujours avec une courte avance (4-3), le public sentait que le Manceau ne parvenait plus à garder le ryhtme, à l'image d'une toute première double faute. Mené 0-40, le Français faisait vibrer tous les observateurs et des "Tsonga !, Tsonga !" retentissaient dans les tribunes. Ces encouragements lui permettaient de revenir finalement à 4-4, mais cela ne suffisait pour tenir les échanges, et reprendre le dessus sur l'Argentin qui remportait le deuxième set 6-4, après 1h12.
La dernière manche débutait avec le service de Nalbandian, et à en croire la réaction de Tsonga, il lui restait encore quelques réserves. Nalbandian empochait bien son service, mais le protégé d'Eric Winogradsky lui mettait de nouveau la pression. Finaliste de l'Open d'Australie, vainqueur à Bangkok cette année, Tsonga savait désormais comment aborder une finale de la meilleure des manières, et il mettait ses atouts en avant, à commencer par un service et un coup droit exceptionnel. Le tennis français n'avait encore jamais sorti un tel puncheur sur les courts, et il fallait sans doute s'en réjouir.
En face, son adversaire repartait dans ses travers qui lui avaient coûté la première manche, commettant de nouvelles fautes directes improbales, et Tsonga faisait le break (2-1). Menant 40-15 grâce à un 20e ace, le Français se faisait toutefois une petite frayeur en voyant Nalbandian égaliser à 40-40, mais le chouchou du public restait solide et confirmait son break (3-1). Le scénario se répétait et pire, Nalbandian se procurait une balle de break, mais le service du Français réduisait à néant ses prétentions. Mené alors 5-3, l'Argentin perdait ses nerfs et en jetait sa raquette de rage.
Les passings se multipliaient et Tsonga enflammait le public conquis par tant de détermination. Le final était de toute beauté, avec un Nalbandian se défendant coûte que coûte. A 5-4, le fameuse "peur de gagner" envahissait Tsonga qui était alors mené 0-40. Mais il reprenait ses esprits et son service ne le trahissait pas. Il s'offrait un nouvel ace pour sa première balle de match qu'il convertissait devant un POPB en liesse. Tsonga vient sans doute de franchir un cap, cap qu'il devra maintenir à Shangai. Les Français suivront avec un intérêt certain.