Bonsoir bonsoir mes petits alluvions ligériens !
Sébastien, c'est un bien joli post que tu as rédigé là, extrêmement convaincant j'en conviens, mais je te trouve quand même bien sûr de toi. Pourquoi Mélanie ne serait-elle pas arrachée aux turpitudes de son époque par l'éternel féminin, ce principe essentielle qui demeure aujourd'hui trop souvent endormi dans le cœur malheureusement atrophié des créatures du beau sexe ? "Vous les femmes, vous le charme" chantait avec grâce le roucouleur madrilène, j'ai nommé Julio (prononcer RRRoulio !), Julio Iglesias, Jules Eglises en français, le chéri de ces dames, le marabout des cœurs, l'alchimiste des mœurs, le poète d'ici et d'ailleurs, d'aujourd'hui et de demain, l'homme qui sait parler à l'oreille des rombières comme à celle des jouvencelles, et qui sait même parler à leurs deux oreilles en même temps quand elles l'écoutent avec un appareil stéréo

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Eh oui, que seraient les femmes sans ce charme ineffable qui transporte les pauvres hères que nous sommes sous des latitudes paradisiaques où soleil rime avec amour et bonheur avec toujours ? Une femme aura beau être émancipée, libérée, sans morale ni tabou, elle n'en restera pas moins une femme, avec cette douce liqueur mélancolique qui coule de ses yeux au crépuscule lorsqu'elle observe les étoiles naissantes dans l'infini de la voûte céleste éternelle. Et tant que cette larme ne sera pas morte, alors la femme demeurera femme, violente, charnelle, passionnée, possédée, mais aussi fragile, gracile, gracieuse, diaphane. Ah !, vous, femmes, qui aimez à être cajolées, bichonnées, dorlotées, et qui l'instant d'après exigez du mâle le déchainement sauvage de sa virilité !
Oui, telles sont les femmes Sébastien, les femmes de toutes les époques et de tous les temps : ambivalentes, partagées, plurielles, multiples. Dans chaque femme, ce sont dix, vingt, cent femmes qui se battent, crois-en tata Romain mon biquet

. Et tous les Félix de Vandenesse que nous sommes, nous nous méprenons quand nous croyons voir des Madame de Mortsauf à qui la vertu serait une essence naturelle n'exigeant aucun effort, car derrière chacune de ces femmes sommeille une Lady Dudley dévorée par le désir de choquer son amant par l'impudeur de sa conduite.
Soudain, je fais un rêve : Mélanie et moi sommes sur une plage hors du temps, et tandis que le soleil darde sur nous ses chauds rayons, nous courons, nus, sans autre désir que celui d'être ensemble et de profiter de ces instants exceptionnels. La beauté des corps en mouvement est sans égal, les masses musculeuses comme les masses adipeuses ondoient et oscillent dans une ode à l'être humain. Mais bientôt, lassés de cette course, nous nous laissons choir dans le sable chaud, et nous nous enfonçons mollement dans cette myriade de grains blancs. Au-dessus de nous, seul l'absolu du ciel s'étend, inclinant nos âmes à la spiritualité.
"Crois-tu au bonheur ?", me demande-t-elle.
"Enfant, j'y ai cru, puis je l'ai récusé. Durant des années, j'ai vécu dans la désespérance, chaque jour qui passait n'était une victoire qu'en ce qu'il me rapprochait un peu plus du dernier, mais depuis que je te connais, Mélanie, non seulement j'y crois, mais je sais qu'il existe."
"Et pourtant, il faudra bien que tout cela s'arrête un jour, n'est-ce pas ? Car enfin, Romain, nous ne sommes pas immortels."
"Je le sais, Mélanie, je le sais. Mais je veux croire aussi que notre amour sera plus fort que la mort. Ce que j'ai découvert avec toi, c'est une transcendance. Quand je dis "toi et moi", je ne parle pas de la somme de deux individualités, mais d'un tout. Nous âmes sont unies, sublime enfant des étoiles, et ton père lui-même te dirait qu'il est des réalités qui dépassent nos consciences."
"Embrasse-moi."
Je l'embrasse, elle pose ses mains sur mon dos, enroule sur jambes sur les miennes, et nous demeurons enlacés. Les yeux dans les yeux, je sens son cœur battre comme elle sent le mien, et l'odeur suave des fleurs tropicales achèvent de nous enivrer.
"A quoi penses-tu ?", me demande-t-elle.
"Je pense à toi, à moi, à nous. Je pense que je pourrais passer ma vie à te regarder sans me lasser tellement tu me fascines. Cette sensation, je ne l'avais jusqu'ici connue que pour les étoiles scintillantes de la Voie Lactée, que pour l'éclat irréelle de la pleine lune dans une nuit sans nuage, pour la masse gigantesque de l'océan en mouvement, mais je sais maintenant qu'une telle magie émane aussi parfois des femmes. Mélanie, ô Mélanie, es-tu donc envoyé par le Très Haut pour faire mon bonheur ? Dans mes rêves les plus fous, je n'osais croire une telle existence possible, mais voici à présent que je suis comblé. Pourrai-je jamais t'exprimer ma gratitude ? Pourrai-je jamais te donner ce que je te dois ? Heureux l'homme que je suis de connaître la femme que tu es !"
Et alors nous nous relevons, et nous nous remettons à courir.
Mais voici que je me réveille, le rêve est terminé. Je crois, chers lecteurs du topic, que c'est la première fois qu'une personne faisait un rêve en direct pendant qu'elle rédigeait un message, c'est une chose proprement hallucinante, et je vous souhaite à tous d'en faire l'expérience. Toutefois mes petits spaghetti carbonara, il me faut reprendre le cours de mon message, alors ne perdons pas de temps.
Les femmes, comme je le disais, sont multiples, et derrière la plus prude des créatures se cache souvent la plus sensuelle des maîtresses. Dans chaque femme, disait le philosophe, il y a une actrice porno, et je crois que le triomphe de notre époque, c'est de permettre à cette actrice de s'exprimer totalement, librement, sans limite. Imaginez un peu, il y a cent ans de cela, combien de femmes d'une génération pouvaient-elles donner libre cours à leur exhibitionnisme, à ce besoin pressent de montrer leur vertu à la face du monde ? Le pourcentage était infinitésimal. Mais aujourd'hui, grâce à internet, ne nous y trompons pas, le pourcentage infinitésimal, c'est celui des femmes qui n'ont jamais tourné de sextape. Pour qui a lu Freud, il ne fait aucun doute que même si certaines personnes prétendent tourner des sextapes uniquement pour leur usage privé, il y a derrière chaque film le fantasme de la fornication publique.
Alors, dans tout cela, où en sont les hommes ? Si je devais faire le portrait robot du partenaire idéal pour la Divine Mélanie Dagréo, je dirais qu'il devrait avoir la virilité de John. J. Rambo dans le corps d'adolescent efféminé de Johnny Depp. Je dirais aussi qu'il devrait avoir le QI d'Albert Einstein, et puis l'élégance d'un parfait dandy. Un tel homme saurait prononcer sur commande de la Belle des poèmes tour à tour lyriques ou puissamment érotiques, il devrait pleurer devant Bambi, rêver de passer ses vacances à Disneyland, mais aussi être capable de monter sur un ring et d'y faire parler les poings, de partir au combat et de faire chanter la mitraille sur les rangs ennemis. L'homme parfait aurait aussi un humour dévastateur, et puis il se passionnerait pour les chevaux. Ah, j'oubliais le principal

: l'homme qui prendra place dans le Saint Lit devra surtout avoir une très grosse plume, à la production abondante, car Mélanie aime être noyée par le flot des mots déversés sur son cœur, elle adore être pénétré par le génie d'un poète - oui, véritablement, la poésie rentre en elle, et Mélanie n'en garde que la fine fleur, que l'essence créatrice, tandis qu'elle laisse ressortir les mots. Mélanie, dans une sorte de synesthésie, associe la poésie à des saveurs : telle poème, pour elle, aura un goût de fraise, tel autre un goût de chocolat, et de tel autre enfin, elle dira qu'il était
nature. Eh oui, cette femme est ainsi faite, elle aime goûter à la vie, à toutes les saveurs, et c'est pourquoi l'homme qui la comblera sera nécessairement complexe et simple à la fois.
Pour nous autres, contributeurs du topic, la tâche est donc loin d'être aisée, il y a de quoi devenir folles

. "Chouchou ? Chouchou ? Sébastouche, ma petite perruche, c'est toi que j'entends pousser des trilles et des roulades dans la salle de bains ? N'oublie pas de bien enlever tous les poils dans la baignoire, l'autre jour j'ai dû faire le ménage après toi, j'ai failli contacter la presse pour leur dire que le dernier Poilu n'était pas mort mais qu'il vivait chez moi

. Oh la la, grande bécasse, ne fais pas ta susceptible, tu sais bien que je dis ça pour rire, je les aime bien au fond tes petits poils, mais plutôt sur ton torse que dans ma baignoire si tu vois ce que je veux dire, grand coquin."
Ah !, les femmes, Sébastien, je pourrais en parler pendant des heures, je me sens si proche d'elles

. Le mouvement progressiste est en marche, et le triomphe de la société communautaire bisexuelle est pour bientôt. Fini le catholicisme, fini le patriarcat, vive les familles en collocation, dans lesquels un enfant n'aura plus un père et une mère, mais cinq, dix, quinze, vingt parents. La notion de père et de mère naturels, caduque, n'aura plus cours, les femmes accoucheront sous UV au lieu d'accoucher sous X, voilà le progrès, voilà l'avenir, des petits bébés à la peau bronzée dès la naissance grâce au miracle de la technologie. Tous les enfants seront frères et soeurs, chacun pourra coucher avec tout le monde, les hommes et les femmes accepteront leur vraie nature fondamentalement bisexuelle. Grâce aux sex toys et aux technologies virtuelles, les femmes pourront connaître toutes les spécificités de la sexualité masculine, et réciproquement. Dans cent ans, qui sait, les progrès de la génétique autoriseront peut-être la réalisation de ce vieux rêve de l'humanité, l'avènement d'un être nouveau, mi-homme, mi-femme, possédant intégralement les deux organes génitaux, pour deux fois plus de plaisir et de sensualité. "Salut, tu baises ?" : voilà ce qu'est l'avenir, un monde défait de ses tabous, un monde dans lequel la jouissance est enfin assumée. Sus à l'inhibition, à la pudibonderie ! Sus aux prélats donneurs de leçons ! Vive le Web Sex Point Zéro, vive la révolution porno-numérique, vive la démocratisation de l'épanouissement sexuel, trop longtemps réservé à une élite qui avait le droit de rentrer dans certains clubs très très privés.
Mais enfin, que m'arrive-t-il ? Voilà que j'ai adopté ton point de vue Sébastien, je me mets à tresser des louanges à la porno-société, alors qu'au début de ce message je prétendais à l'existence d'un éternel féminin. Je deviens fou ma parole, maboule, déglingué, zinzin, dingo !
It's party time! It's the music for outter space! It's judgment day! Let's the final gonzo begin! Saperlipopette, ce message devient complètement gonzo ! Que faut-il penser, à la fin ? Les femmes sont-elles fragiles ou bien cruels ? Les hommes sont-ils forts ou faibles ? Devrons-nous attendre l'éléction de Clara Morgane à la présidence de la République pour voir l'aboutissement de la porno-société si chère à Jacques Attali et à Naomi Klein ?
On nous parle de révolution verte, de croissance verte, de techno-écolo-industrie, mais l'avenir n'est-il pas dans la révolution cul, dans la croissance X, dans le porno-service ? D'après le secrétariat à la prospective numérique, il existe un gisement de 3 millions d'emplois, rien qu'en France, dans le secteur du service pornographique à la personne, ce qui va de la livraison à domicile de sex toys en location aux prestations ménagères effectuées en sous-vêtements érotiques, en passant par les cours du soir de gang-bang participatif citoyen. Toujours selon la même source, à l'échelle du monde, ce ne sont pas moins de 720 milliards d'euros qui seront générés par le porno-service entre 2012 et 2018, autant dire qu'il faut s'empresser de sauter sur le créneau de ce secteur hautement innovant et concurrentiel, car il n'y aura pas de la place pour tout le monde. Sans jouer les Nostradamus, je peux vous annoncer de manière quasi officielle que si Nicolas Sarkozy est réélu en 2012, un grand ministère d'Etat de la porno-société sera créé, et Jean-Louis Borloo a déjà posé ses griffes dessus. La question de la légalisation de la prostitution sera un enjeu clé de cette prochaine élection présidentielle, car si on l'accepte enfin, la croissance devrait être de 6 à 8% jusqu'en 2019, autant dire qu'il y aurait de quoi rembourser la dette et redonner de l'espoir à toute la nation. En plus, la France commençant à être moins attractive au niveau touristique, ce serait une belle manière de booster les rentrées de devises étrangères, car nul doute que du monde entier on viendrait profiter, et aussi s'inspirer, du porno-service français. Imaginez un peu Barack Obama disant au peuple américain, dans un discours solennel, qu'il est allé en France, et qu'il a vu ce qu'était la société de demain, un monde fait d'amour et de service, où chaque tâche de la vie courante devient l'occasion de satisfaire un fantasme. Au petit déjeuner, plus de pain : c'est à même le corps de Jean-Louis ou de Danielle que vous mangez votre confiture ; pour aller au travail, covoiturage dans un taxi collectif avec une chauffeuse nue ; le soir, réception des courses, livrées par des gogo danseuses topless ; au lieu d'aller promener le chien tout seul, une professionnelle vous accompagne pour rendre la sortie plus distrayante ; et puis bien sûr le soir, au lieu de bêtement vous coucher, vous vous livrez à quelques pratiques bien crues devant votre web cam afin de gagner encore plus d'argent. Voilà la France de demain, voilà l'avenir, il faut coucher utile. Il est stupéfiant de penser qu'il aura fallu des millénaires à l'être humain pour comprendre que non seulement il pouvait trouver son plaisir dans le sexe, mais qu'il pouvait aussi y trouver son revenu ! Des générations de prostituées se voient enfin récompensées de leur lobbying intensifs auprès des hommes de pouvoir, c'est l'internationale du sexe qui triomphe. Ce que Karl Marx avait rêvé, c'est le Web qui le fait : les prolétaires de tous les pays s'unissent dans un grand élan fornicateur qui leur donnera l'argent, et donc le pouvoir sur le capital. La Porno-Révolution est en marche !
Sur ces sages paroles, mes petits tubercules terreux, je vais me reposer

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[Edit]
Sébastien a écrit :Je m'inquiète de votre naïveté sur le sujet mes petits zélateurs du cul à la françoise.
Quel sens de la formule Sébastien !
Et que dire des frères Bogdanov et de leurs études sur le gang-bang

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