Oui l'analyse m'a l'air très bonne, en particulier le coté théatral.
Je pense qu'on peut affirmer que le "style 2D" est au départ né des contraintes techniques qui l'accompagnaient : on a scène statique comme au théatre parce qu'on ne pouvait pas faire autrement, on lit les dialogues plutôt que de les entendre, et "les acteurs surjouent" parce qu'on peut difficilement montrer des émotions sur un visage de 3 pixels carré.
Idem pour la musique qu'évoque O.P. Y a pas longtemps je pensais justement au fait qu'aujourd'hui on peut créer des bandes son plus "cinématographiques" qui servent à accompagner une scène ou une action déjà explicite visuellement, tandis qu'auparavant on privilégiait (parce que techniquement on ne pouvait pas créer des compositions très complexes harmoniquement) la mélodie qui, elle, permet de donner le ton et diriger l'action en palliant aux carences de mise en scène. Je pense à Uematsu qui semble avoir du mal depuis que les possibilités sonores se sont élargies, alors qu'il était comme un poisson dans l'eau avec les limitations de la Super Famicom.
Ce qui est intéressant évidemment c'est que l'alchimie fonctionne et que les développeurs ont su faire d'une contrainte une force.
Pour la mutation vers un style plus cinématographique, dans le cas particulier des FF je mettrais ça sur le compte de Sakaguchi qui a très vite priviligié l'aspect scénaristique (des jeux à histoire quoi) là où par exemple Dragon Quest n'utilise son scénario que comme prétexte au jeu.
On a bien vu comment la PSone a été pour Square l'occasion de se lâcher grâce aux images de synthèse et à la 3D en général. Et comme les jeux n'avaient et n'ont pas encore vraiment de langage narratif propre, singer le cinéma est un moyen simple et efficace de raconter des choses.
Metal Gear Solid est très coupable aussi de la mode de la cinématique.
Commercialement ça se défend, les jeux à cinématiques présentent mieux et ont, je pense, plus de facilité à attirer des gens qui ne s'intéressaient pas aux jeux.
Maintenant c'est devenu quelque chose d'évident. Comme si tous les jeux aspiraient à être des films.
Même dans Mario Sunshine ou GradiusV y a des cinématiques. Ca me fait aussi penser à la question des doublages dans Zelda, qui résiste mais pour combien de temps encore ?
Et donc pour en revenir aux RPGs 2D, je pense qu'on avait là des formes de narrations très particulières, entre théatre et littérature, qui ont été jetées à la poubelle dès qu'on a pu faire "mieux". Alors qu'on pourrait très bien continuer à les développer.
Je trouve très élégante par exemple la gestion des dialogues dans Wind Waker, où on a du texte à lire mais ponctué par des petites onomatopées.
Après je ne considère absolument pas la tendance cinématographique comme un mal en soi, je tolère les cinématiques dans MGS parce que ça fait partie intégrante de la série, il y a des tentatives de "films intéractifs" genre Fahrenheit qui me semblent intéressantes et à encourager, et dernièrement des jeux comme RE4 ou Shadow of the Colossus arrivent à donner une dimension cinématographique à l'action sans forcer le joueur à être passif. En fait j'adore ça quand c'est bien fait

(sans doute parce que je baigne plus dans le cinéma que d'autres formes d'expressions).
Mais ça m'ennuie beaucoup qu'on colle systématiquement des cinématiques sans réfléchir dès qu'il y une histoire à raconter.