Pareil °_°Holaf a écrit :oui j'ai compris, mais je vois pas le rapport entre bge et montreuil a l'origine de tout ca.O.P HxH a écrit :Ubi Montreuil/Paris quoi °_°
Sinon un article dans Le Monde :
"Convoité par Electronic Arts, Ubisoft aura du mal à résister
LE MONDE | 11.01.05 | 15h06
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Ayant acquis 20 % de l'éditeur français, l'américain, numéro un mondial, va devoir prochainement annoncer ses intentions. Selon toute vraisemblance, il veut mettre la main sur son concurrent. Celui-ci ne parvient apparemment pas à organiser une riposte crédible.
Depuis que, le 20 décembre, l'éditeur de jeux vidéo américain Electronic Arts (EA) a annoncé avoir acquis 19,9 % du capital de son concurrent français Ubisoft, les rumeurs courent sur ses velléités prédatrices et sur les montages imaginés par sa cible pour les contrer.
Pourtant, les deux sociétés communiquent - officiellement - très peu. Ubisoft s'est contenté d'un communiqué le 21 décembre pour indiquer que, "en l'absence d'informations de la part d'Electronic Arts concernant ses intentions, la prise de participation de ce dernier est non sollicitée et est à ce stade considérée comme hostile". Face aux multiples hypothèses quant à des entreprises qui pourraient venir à son secours, l'éditeur français a ajouté, le 6 janvier, qu'"il n'existe pas de négociations à ce jour avec un partenaire potentiel".
Du côté de la société américaine, alors que l'achat, estimé à plus de 65 millions d'euros, est soumis à l'approbation de l'autorité de la concurrence américaine, la Federal Trade Commission (FTC), qui doit donner son aval pour toute opération supérieure à 50 millions de dollars (38 millions d'euros), on reste discret. Une porte-parole a juste indiqué que, "à l'heure actuelle, Electronic Arts ne demande pas de siège au conseil d'administration d'Ubisoft", composé aujourd'hui des fondateurs, les cinq frères Guillemot, et de leur mère.
Le rachat par le numéro un mondial du secteur d'une participation minoritaire dans le numéro dix mondial ne devrait pas poser de problèmes, et le feu vert de la FTC est attendu d'ici à la fin du mois. Dès lors, la transaction sera effective et EA aura, selon les règles de l'Autorité des marchés financiers (AMF), le gendarme de la Bourse français, dix jours de Bourse pour effectuer une déclaration d'intention. Il devra alors préciser sa position l'engageant pour douze mois : veut-il continuer à acheter des actions Ubisoft, compte-t-il prendre le contrôle de la société, exige-t-il un ou plusieurs sièges à son conseil d'administration, agit-il seul ou de concert ?
En attendant ces éclaircissements, les spéculations se multiplient, qui ont fait flamber le titre Ubisoft de près de 67 % depuis le 20 décembre (à 28,35 euros le 10 janvier). Les circonstances de l'acquisition la rendent pourtant avant tout opportuniste : John de Mol, milliardaire néerlandais, cofondateur de la société de production d'émissions de télé-réalité Endemol, avait, via sa holding d'investissements personnelle, Talpa Beheer, ramassé en Bourse ces 20 % depuis mars 2004, puis a émis un appel d'offres officieux en octobre. "C'eut été presque une faute professionnelle pour Electronic Arts de laisser partir cette participation chez un concurrent", estime un banquier d'affaires. D'autant que le groupe de Larry Probst s'est fixé pour priorité de se développer en Europe et que la qualité des studios de création d'Ubisoft est mondialement reconnue.
Difficile, cependant, d'imaginer qu'il s'agit seulement d'une opération défensive. Maintenant qu'il est dans la place, l'américain ne laissera sûrement pas échapper une acquisition si complémentaire pour lui, tant en termes de portefeuille (il est spécialisé dans les jeux de sport et les licences de grands films, alors que le français a surtout développé des jeux d'action et d'aventure) que de compétences (sa puissance marketing s'allierait parfaitement avec la qualité de création du français). Le choix personnel de Peter Jackson, réalisateur de la trilogie du Seigneur des anneaux, dont les jeux dérivés ont été développés par EA, de confier à Ubisoft le jeu dérivé de son prochain film King Kong, qui sortira en mars, n'est pas passé inaperçu.
La logique industrielle, de plus, pousse à la concentration. Marché vaste (plus de 30 milliards de dollars de ventes mondiales en 2003, en comptant les jeux et les consoles) et en forte croissance (en moyenne de 10 % à 30 % par an), le secteur des jeux vidéo exige cependant de lourds investissements et se révèle très risqué. Les consoles se renouvellent tous les cinq ans, exigeant d'anticiper pour préparer des jeux s'adaptant aux nouvelles possibilités technologiques des machines. Par ailleurs, les coûts d'un jeu s'envolent, entre l'achat de licences, le développement et les frais de marketing et de distribution : il faut compter de 10 à 20 millions d'euros pour espérer produire un jeu-phare, qui se vendra à plus de 3 millions d'exemplaires. Sachons que le succès n'est jamais assuré : 20 % des titres réalisent près de 80 % du chiffre d'affaires.
EA a donc toutes les raisons de convoiter Ubisoft, et le rapport de forces paraît bien inégal. Avec sa capitalisation boursière de 18 milliards de dollars (13,8 milliards d'euros), le premier pèse 27 fois plus que le second et il est valorisé à six fois son chiffre d'affaires annuel contre une fois pour sa cible. Sans dette, il peut compter sur une trésorerie disponible de 2,7 milliards de dollars pour faire ses emplettes.
La direction de l'éditeur hexagonal se démène cependant pour ne pas se faire croquer. La solution d'une fusion d'Ubisoft avec Gameloft, éditeur notamment de jeux pour téléphones mobiles, coté et détenu à 30 % par les frères Guillemot, a été évoquée, mais semble trop longue et complexe.
Ubisoft aurait bien, selon plusieurs sources, pris langue avec le seul autre éditeur français qui aurait les moyens de l'aider, Vivendi Universal (VU) Games, dont la maison-mère, Vivendi Universal, a retrouvé une certaine aisance financière. Cependant, le groupe de Jean-René Fourtou a démenti tout intérêt : il serait, au contraire, plutôt vendeur de sa filiale, qui a subi, en 2003 et 2004, deux ans de pertes et de restructurations. Le gouvernement a également été appelé à la rescousse et le ministre délégué à l'industrie, Patrick Devedjian, a rencontré le PDG, Yves Guillemot, vendredi 7 janvier. Mais, de source proche du gouvernement, on avoue que, "même s'il est dommage qu'Ubisoft passe sous pavillon américain, une intervention de l'Etat dans la vie des affaires serait difficile à justifier, alors que la société ne possède pas de technologie sensible".
D'ailleurs, la Caisse des dépôts, actionnaire à hauteur de 5,6 %, laisse entendre qu'elle ne participera pas à un "Meccano industriel", sachant que ses interventions, en tant que puissante institution financière publique, sont examinées avec vigilance par Bruxelles. Enfin, pour l'organisation professionnelle représentative, le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), la priorité est avant tout de maintenir des emplois dans les studios en France, "que les donneurs d'ordre soient nationaux ou étrangers". Or, sur les plus de 2 000 développeurs salariés d'Ubisoft, seuls environ 300 travaillent à Montreuil (Seine-Saint-Denis), Annecy et Montpellier. Les autres sont notamment basés au Canada, en Chine et au Maroc.
Gaëlle Macke
Un marché en forte croissance
Il s'est vendu 34 millions de jeux vidéo en France en 2004, soit un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros (+ 30 %).
Le marché du jeu vidéo équivaut à celui des supports de cinéma (1 milliard d'euros en 2003 pour 100 millions de DVD et cassettes vidéo) et de musique (1,1 milliard d'euros en 2003 pour 151 millions de CD, DVD audio et cassettes).
Le marché de l'édition n'est que deux fois plus gros, avec un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros en 2003 pour 413 millions de livres vendus.
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 12.01.05"