Critique de Metal Gear Solid 3: Snake Eater
Publié : 16 mars 2005 04:43
Ou devrais-je plutôt intitulé mon texte «Description de Metal Gear Solid 3: Snake Eater»? Jugez-en par vous même...
J'ai rédigé une bonne partie de cette analyse il y a 2 mois. Malheureusement, ça donne un texte affreusement long...METAL GEAR SOLID 3: SNAKE EATER
Nous sommes en 1964. La guerre froide entre l'Union Soviétique et les États-Unis est soudainement interrompue par la menace d'une attaque nucléaire. En effet, un groupe de terroristes non identifié a lancé un mini-obus nucléaire sur Tselinoyask, détruisant l'usine OKB-754, une fabrique secrète de conception d'armes. Au moment de l'impact, les radars soviétiques ont détecté la présence d'un avion américain, ce qui ne tarde pas à éveiller les soupçons des Russes. Lors d'un entretien téléphonique extraordinaire, le premier ministre de l'U.R.S.S., Nikita Khrushchev, exige du président des États-Unis, Lyndon B. Johnson, des explications. Le président devra prouver l'innocence des Américains, en éliminant les responsables.
Un soldat répondant au nom de code Naked Snake est alors envoyé sur les lieux. Sa mission consiste d'abord à sauver le docteur Nicholas Stepanovich Sokolov, inventeur du Shagohod. Snake doit ensuite détruire le Shagohod, un tank pouvant catapulter des obus nucléaires n'importe où sur la surface de la Terre, de façon totalement furtive. Il doit aussi éliminer le Colonel Ephgeny Borisovich (Thunderbolt) Volgin, chef du GRU (le service d'intelligence militaire). Finalement, Snake doit éliminer son mentor qui lui a enseigné tout ce qu'il connaît au niveau militaire, The Boss, celle-ci ayant berné l'Amérique en rejoignant les rangs de Volgin.
Une jungle pleine d'opportunités et de dangers se présente au pied de Snake. Heureusement, il peut compter sur un support radio pour tous les événements à venir...
JOUABILITÉ
Le jeu présente plusieurs nouvelles fonctions par rapport à ces antécédents. Chacune de ces fonctions est poussée en profondeur. Laissez-moi donc vous décrire la principale originalité de Metal Gear Solid 3: Snake Eater...
Pour les habitués de la série, notez l'absence du radar dans le coin supérieur droit de l'écran. Cette fonction, depuis toujours vitale pour repérer l'ennemi, est plutôt remplacée par un ingénieux système de camouflage, qui vous rendra «invisible» jusqu'à un certain point. En tenant compte de votre environnement, le jeu calcule en pourcentage l'efficacité de votre maquillage et de vos vêtements. Peut-être est-il absurde d'imaginer un soldat prendre soin de changer de camouflage à tous les 30 mètres, il reste cependant qu'on ajoute à la stratégie, ce qui enrichie l'expérience ludique.
Cette application permet non seulement de déjouer les yeux de vos adversaires, elle interagit directement avec le contexte de la situation. Les taches de sang et de boue affectent négativement l'efficacité de votre camouflage, il est de mise de changer vos vêtements lorsqu'une telle situation se présente. D'ailleurs, un certain gardien tentera de vous déjouer en parfumant vos vêtements d'une odeur attirant les insectes; méfiez-vous!
Le seul hic de ce système est peut-être l'utilisation d'un menu indépendant, forçant l'arrêt temporaire de l'action, ce qui dissuade le changement de camouflage à outrance (probablement une volonté de l'auteur, Hideo Kojima).
Une autre habitude est fracassée par une nouvelle réalité : manger ne ramène plus automatiquement de l'énergie. Une jauge de résistance se retrouve sous la jauge d'énergie, et celle-ci signale au joueur lorsque votre avatar a faim. Cette barre diminue avec le temps (lentement) et lors d'empoisonnement alimentaire (plus rapidement). La conséquence d'un niveau de résistance faible est immédiate : vos actions et réactions sont décousues, votre champ visuel est restreint et vos déplacements sont ralentis.
Lors de famine, la jungle se traduit comme un immense garde-manger. La chasse est ouverte, mais attention : vous devez respectez certaines préférences alimentaires. Il aime les serpents, plusieurs fruits et la nourriture non périssable. Il n'aime pas les champignons, les rations russes et certaines grenouilles. Lorsque Snake n'apprécie pas un met, ce dernier à peu d'effet sur son niveau de résistance. Vous devez également faire attention de ne pas manger de nourriture empoisonnée, comme certaines grenouilles ou champignons. Certains mets sont périssables, il est donc primordial de choisir judicieusement sa nourriture lorsqu'on espère faire des provisions à long terme. Heureusement, vous pouvez «capturer» des animaux à l'aide de votre pistolet à fléchettes endormantes, et ainsi les conserver dans l'une des 3 cages à votre disposition, garantissant ainsi la fraîcheur de l'aliment en question.
Finalement, lorsque sa jauge de résistance est comblée, Snake gagne graduellement son énergie lorsqu'il demeure immobile pendant un certain temps. Cependant, si ce dernier est blessé, il doit d'abord soigner plaies avant d'espérer regagner de l'énergie. Ça tombe bien, le jeu présente un chapitre sur la chirurgie amateur...
Prudence désormais lorsque vous sautez d'une hauteur considérable : vous pourriez vous casser quelque chose! En effet, Snake peut se briser certains membres, recevoir des coups de couteau, des balles de fusil et souffrir de brûlures. Heureusement, le jeu vous présente un petit tutoriel afin de remédier aux situations qui requièrent une attention médicale. Tous les outils nécessaires (seringues, couteau de chasse, trousse de suture) sont à votre disposition. Vous devez également remplir votre trousse de premiers soins de plantes médicinales, lorsque celle-ci se vide de médicaments. Le système offre un diagnostic infaillible de votre situation, et la description de chacun des outils et médicaments facilite grandement les diverses opérations requises pour un rétablissement rapide. Si vous ne prenez pas soin d'opérer votre avatar avant une longue absence au jeu, celui-ci aura de nouvelles cicatrices indélébiles. Le risque de blessures aura nécessairement des répercussions sur votre façon d'affronter l'ennemi.
Toute cette stratégie défensive est bien belle, mais de nouvelles tactiques offensives sont également au rendez-vous. Le jeu vous propose de maîtriser l'art du C.Q.C., une technique offensive inspirée des arts martiaux, extrêmement flexible. Vous pouvez désormais utiliser l'adversaire comme bouclier humain, le menaçant au couteau d'une main, utilisant un pistolet de l'autre pour attaquer d'éventuels indésirables. Vous pouvez aussi l'interroger, lui trancher la gorge ou l'envoyer brusquement au sol (ce qui l'assomme automatiquement). Un moyen extraordinaire pour se débrouiller lorsqu'on se retrouve à cours de munitions.
Avec autant de nouveautés, pas étonnant de qualifier l'expérience de Metal Gear Solid 3: Snake Eater comme totalement originale! J'ose croire que la difficulté présentée par l'absence de radar facilitera mon prochain passage sur les antécédents de la série...
GRAPHIQUES
Un nouveau moteur a dû être conçu spécifiquement pour ce jeu, et non sans une excellente raison : l'omniprésence de la jungle. L'environnement est réaliste, la flore et la faune sont variées, les changements climatiques sont sublimes. Avec une telle présentation, on pardonne rapidement quelques ralentissements vidéo (lorsque le jeu ne conserve pas la fréquence de 30 images par seconde). Néanmoins, l'architecture urbaine n'est pas absente pour autant, et se compare très bien avec celle de Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty, une référence en la matière.
La modélisation des personnages également réussie. Une amélioration certaine par rapport au chapitre précédent : les visages des femmes ont l'air de visages de femmes, et non-pas des êtres de perfection. Outre l'apparence monotone et répétée des soldats, la qualité visuelle des personnages est soignée. On semble avoir préféré la diversité (soldats terrestres, gardien de sécurité, police militaire, etc.) à une variété de physiques différents, un choix que j'approuve.
AUDIO
Harry Gregson-Williams nous prouve encore une fois à quel point il est possible d'offrir une musique interactive digne des plus grands films d'Hollywood. Le musicien a très bien saisi les années 60 en musique (classique), s'inspirant beaucoup des films d'espionnage, caractéristiques de l'époque. L'ambiance est tout simplement sublime.
Une interprétation vocale est encore une fois au rendez-vous. Elle remplit aussi bien son mandat que lors les antécédents de la série. Rien à ajouter...
CONCLUSION
Si vous pensiez connaître l'ultime jeu inspiré d'un film de James Bond (en l'occurrence GoldenEye 007 sur la Nintendo 64), mettez-vous à jour. À mon avis, Hideo Kojima s'est tapé l'entière série de l'agent 007 avant de procéder à l'ébauche qu'allait devenir Snake Eater. Le jeu éjacule de références à l'illustre James Bond, en passant de l'épilogue à l'introduction, sans oublier les personnages, les répliques et l'action générale. Contrairement à GoldenEye 007, où il est ridicule de croire que James Bond ait pu tuer autant d'ennemis dans les missions imaginées par le scénariste du film, Snake Eater offre une alternative plus concrète : un agent secret doit à tout prix éviter le contact avec l'ennemi. Et flirter avec des femmes canon; ça, c'est du Bond...
En conclusion, vous devez à tout prix essayer ce jeu, et en comprendre les principes de bases. Si l'expérience vous séduit, procurez-vous-le à tout prix!