deisuke a écrit :
Tu n'a fait qu'illustrer ce que je disais, que l'homme a toujours été irresponsable face aux responsabilités de l'acte sexuel et que pilule ou non il fuira s'il n'a souhaité qu'une relation légère les conséquences de celle ci, et que toute la responsabilité ira à la femme seule.
(je quote pas les autres messages, mais je réponds à l'ensemble - et pas forcément seulement à tes posts d'ailleurs

))
Ce que tu dis là va précisément dans le sens de ce que j'ai dit. L'homme était irresponsable, et plutôt que de le rendre responsable, on a donné un moyen a la femme de ne pas être victime de cette irresponsabilité (et de la sienne aussi).
Après, la question de savoir pourquoi il faudrait résister aux pulsions / ne pas avoir de pulsion, il ne faut pas la prendre de manière caricaturale. Il ne s'agit pas de n'avoir aucune pulsion, aucun désir, il ne s'agit pas de prétendre que l'être humain est purement cérébral (Académie

) : il s'agit de faire ce que l'on peut faire. Une femme a un corps, elle est fertile quelques jours chaque mois, au nom de quoi y aurait-il un droit à éjaculer dans son vagin à ce moment sans risquer d'avoir un enfant ? Ce sont les limites de l'être humain, le corps n'est pas un frein, c'est notre cadre, et c'est en ce sens que je ne trouve pas satisfaisant d'avoir recours à un artifice pour s'arroger un droit qui n'existe pas.
Le cercle pulsion/frustration est vicieux en ce que plus on cède, plus on ressent facilement de frustration. Si on a l'habitude manger un paquet de gâteaux après chaque repas et qu'on arrête, c'est frustrant une journée, mais après on se sent mieux car on a plus de plaisir à manger moins de gâteaux : on sent qu'on se respecte, et il n'y a pas de frustration. Et si on mange quinze paquets de gâteaux à la suite, on a mal au ventre : c'est ainsi que nous sommes faits, et ce n'est pas parce qu'on trouverait un artifice permettant de manger quinze paquets de gâteaux sans être malade que ça rendrait le fait de manger quinze paquets de gâteaux satisfaisant. Pour tordre le cou une dernière fois à l'argument de la frustration, la construction de l'individu repose sur le contrôle d'un tas de pulsions, contrôle qui n'engendre pas de frustration mais au contraire la liberté.
Après, il y a une autre optique, que je ne critique pas du tout, qui consiste à observer que l'homme n'a pas forcément envie d'être libre, qu'il n'a pas forcément envie de progresser, d'être éduqué, de construire, et qu'au contraire il peut faire le choix de la destruction, de l'animalité, du refus de la logique et de son (supposé) intérêt (à ce sujet, je recommande la lecture des Carnets du sous-sol, de Dostoïevski

). Cette négation est salvatrice, il y a sûrement plus de jouissance dans le fait de montrer que l'on nie son propre intérêt que dans toute autre attitude, et c'est un choix de vie tout à fait respectable s'il est choisi librement, autrement dit consciemment (et c'est d'ailleurs à cette condition qu'il y a le plus de jouissance à obtenir). Le problème, de mon point de vue, c'est que la société, en sursexualiant (néologisme

) tout, rend chacun encore plus esclave de ses pulsions. Encore une fois, je ne vois aucun mal à suivre ses pulsions si c'est un choix, mais si ce n'en est pas un, alors c'est regrettable.
Maintenant, je passe un peu en OP STYLE, et je digresse sur la société en général

. Ce dont il est question ici, c'est du capitalisme, de la société de marché qui n'arrête pas de nous envoyer des signaux pour nous inciter à consommer. Consommer, encore, toujours, plus, acheter une télé HD Ready, acheter une télé HD, acheter une télé HD plus grande, et ces éternelles sollicitations alimentent une frustration, d'autant plus si les autres ont cédé avant nous. De la même manière, il y a des incitations sexuelles partout, tout simplement parce que c'est un ressort primaire de l'humain et qu'il a donc du mal à y résister.
Le message aujourd'hui, c'est qu'il est normal, qu'il est moderne, de posséder une télé HD. De la même manière, il est normal, il est moderne de pouvoir avoir tout type de relation sexuelle n'importe quand. Il faut consommer, le plus possible, il faut faire tourner la machine, sans se demander de quoi l'on a besoin, ni ce qui est légitime. La société de marché est devenue notre modèle relationnel : il faut plaire, il faut séduire, et si on rencontre quelqu'un, si l'on vit en couple, il est normal de consommer, n'importe quand, n'importe comment. La sexualité sans contrainte est nécessaire en ce qu'elle assure la paix sociale, elle est un divertissement gratuit, un moyen de dépasser sa frustration, et donc un moyen de réduire les consciences, comme tout ce qui grandit les pulsions.