Publié : 31 juil. 2007 22:27
"Pleurer de joie devant une oeuvre, c'est beau, mais pleurer d'un bonheur triste". Une oeuvre qui fait pleurer, c'est de toute façon un bonheur, parce que ça fait de ta souffrance, de ta tristesse à toi quelque chose d'universel et de sensible pour tout le monde. Ca te fait entrer en résonance avec le monde entier, tout le monde peut pleurer avec toi de la même tristesse qui est en fait devenue une joie.
"a philosophie de la branlette comme notre chère élite française ou alors de la vraie philosophie "concrête" ?" Je me demande ce que tu appelles la philosophie de l'élite française. Mais ce que je peux dire, c'est qu'aussi bien Merleau-Ponty, Nietzsche, Arendt, Weil ou Kant, il y a des choses abstraites, mais c'est tout sauf de l'abstraction pure. Ca tisse des racines profondes dans la vie. Que ça soit de la philosophie qui réfléchit sur l'art, ou de la philosophie qui réfléchit sur la vie dans le but d'en éprouver le plus de jouissance possible comme font Nietzsche ou Spinoza.
Mais sinon l'art ça n'a rien d'abstrait, ça a des répercussions bien concrètes sur l'être. Si tu pleures quand tu écoutes une symphonie, quand tu contemples un tableau, quand tu lis un poème, bah désolé tes larmes ne sont pas des abstractions. Des notes de musique, c'est bien concret, tu les entends directement ; des mots, c'est comme une chair vivante que tu modèles ; de la peinture, la couleur, la toile, c'est bien concret. Le problème c'est qu'avec tout ça tu n'as rien, et tu dois créer totalement la chose. Tu dois concrétiser ton imaginaire. C'est pour ça que c'est supérieur à l'artisan qui se contente de reproduire un modèle. Là tu crées totalement, tu éprouves la jouissance de créer, de donner vie, d'objectiver ce qu'il y a de subjectif en toi. Tu étales au monde une expérience du monde. Un artisan qui n'a pas de modèle pour sa table mais qui veut faire une nouvelle table, avec son ressenti, son "style", il éprouvera une vraie difficulté et pourra déprimer. Mais je préfère déprimer toute une vie et éprouver la jouissance intense de créer, que de rester dans un petit bonheur faible toute ma vie.
Ton exemple avec la table n'est pas satisfaisant je trouve, au contraire. Ca rend la chose plus facile. Et pour prendre un philosophe français (donc un branleur de première je suppose
) (Bergson), plus les obstacles sont grands, plus la joie d'en triompher est grande. L'artiste il crée une oeuvre totalement unique, on aura beau faire des reproductions, ça sera jamais son oeuvre. Alors que l'artisan donne une table que mille tables pourront suivre. L'artiste il invite à jouir, l'artisan tel que tu le décris, il ne sert que pour le fonctionnel, ce qu'il y a de plus "trivial" dans la vie. C'est utile, mais ça ne rend pas pour autant heureux l'utilisateur. D'ailleurs, le rapport de la personne avec l'objet est celle de l'usage, qui n'est pas de la joie, c'est de la consommation (surtout avec nos objets qui durent de moins en moins longtemps, alors que c'est bien moins vrai avec des vrais objets). Alors que le rapport de l'homme à l'Art, c'est celui de la contemplation, de la pure jouissance. Ca nous rend la vie heureuse.
"a philosophie de la branlette comme notre chère élite française ou alors de la vraie philosophie "concrête" ?" Je me demande ce que tu appelles la philosophie de l'élite française. Mais ce que je peux dire, c'est qu'aussi bien Merleau-Ponty, Nietzsche, Arendt, Weil ou Kant, il y a des choses abstraites, mais c'est tout sauf de l'abstraction pure. Ca tisse des racines profondes dans la vie. Que ça soit de la philosophie qui réfléchit sur l'art, ou de la philosophie qui réfléchit sur la vie dans le but d'en éprouver le plus de jouissance possible comme font Nietzsche ou Spinoza.
Mais sinon l'art ça n'a rien d'abstrait, ça a des répercussions bien concrètes sur l'être. Si tu pleures quand tu écoutes une symphonie, quand tu contemples un tableau, quand tu lis un poème, bah désolé tes larmes ne sont pas des abstractions. Des notes de musique, c'est bien concret, tu les entends directement ; des mots, c'est comme une chair vivante que tu modèles ; de la peinture, la couleur, la toile, c'est bien concret. Le problème c'est qu'avec tout ça tu n'as rien, et tu dois créer totalement la chose. Tu dois concrétiser ton imaginaire. C'est pour ça que c'est supérieur à l'artisan qui se contente de reproduire un modèle. Là tu crées totalement, tu éprouves la jouissance de créer, de donner vie, d'objectiver ce qu'il y a de subjectif en toi. Tu étales au monde une expérience du monde. Un artisan qui n'a pas de modèle pour sa table mais qui veut faire une nouvelle table, avec son ressenti, son "style", il éprouvera une vraie difficulté et pourra déprimer. Mais je préfère déprimer toute une vie et éprouver la jouissance intense de créer, que de rester dans un petit bonheur faible toute ma vie.
Ton exemple avec la table n'est pas satisfaisant je trouve, au contraire. Ca rend la chose plus facile. Et pour prendre un philosophe français (donc un branleur de première je suppose
