Au-delà de l’article, le site en lui-même n’a rien de neutre, il postule le rationalisme, ce qui n’a rien à voir avec la neutralité. La citation de Lewontin peut très bien aller dans le sens d’une classification raciale (sur le plan des gênes comme sur le plan environnemental) mais en même temps comme on peut très bien séparer ce qui est de l’ordre de l’espèce et ce qui est de l’ordre des gênes comme le fait Richard Dawkins, je vois pas forcément de rapport direct avec la problématique de la race, il n’y a pas le contexte de la phrase de Lewontin qui n’a peut être rien à voir avec l’article.
A l’entrée de l’exposé thématique on est déjà face à une mauvaise inclinaison quand il s’agit de débattre sérieusement et en l’occurrence sur un plan scientifique. Ils disent qu’il faut démontrer que le concept de races ne s’applique pas à la situation combinatoire de notre espèce, ce qui est légitime à poser, mais au lieu de commencer l’argumentation pour prouver l’inexistence des races, ils se lancent dans la bataille contre le racisme en général, s’en suit des « préjugés sur les préjugés racistes ». Je ne dis pas que le racisme c’est génial, mais une vraie neutralité aurait exigé qu’ils n’abordent pas ce sujet qui reste hors du cadre scientifique pour se concentrer uniquement sur le fait qu’il existe ou non des races au sein de notre espèce. En faisant cela, ils sont eux même dans la profession de foi. D’ailleurs plus tard dans l’article où on peur lire un entretien avec un certain Guillaume Lecointre, il pointe le problème que le début de l’article (et même tout l'article au final, ainsi que les réponses par rapport aux deux derniers entretiens) vocifère: à savoir qu’il n’y a pas pire raison de dire qu’il ne faut pas être raciste parce que les races n’existent pas, mais si elles existent, ça voudrait dire que le contraire pourrait être vrai, à savoir qu’on aurait le droit d’être raciste. C’est une pensée binaire totalement nulle, parce que la question n’est pas de savoir si le racisme est légitime ou non, mais si il y a des races ou pas, ce qui n’a rien à voir avec le racisme, c’est comme dire au niveau des espèces qu’il y a des chiens et des chats, je n’ai même pas à me poser la question hiérarchiser ces deux espèces, je les distingue, comme je peux distinguer deux races de chiens sans en mettre une au dessus de l’autre.
Ce qui est marrant c’est qu’ils dénoncent la pensée scientiste alors qu’ils en héritent en tant que rationalistes. Ils se veulent scientifiques mais rejettent plus ou moins quand ça les arrange la mesure QI parce qu’elle a conduit a prouvé par une méthode qui se veut scientifique l’inégalité des races (pour ma part j’ai toujours trouvé la mesure QI totalement bidon et je ne vois pas trop où veut en venir Stephen Jay Gould avec son argumentation sur les tailles des hommes, ça me paraît pas pertinent, c’est une comparaison un peu foireuse dans son premier exposé, après si l’on tient compte de la seconde, il est évident que si l'on croit à la mesure du QI un noir et un blanc qui obtiennent la même note seront aussi intelligents face à un problème donné).
La réponse de Jean-François Marmion consiste à dire qu’il ne faut pas déterminer le QI sur le plan de groupes ethniques en général (les blancs sont plus intelligents que les noirs) mais qu’il faut aller dans le cas par cas (ceci dit, il y a des résultats qui montrent qu’en général un noir à un QI plus faible qu’un blanc, donc on peut très bien trouver un noir ultra intelligent supérieur aux blancs par rapport au curseur QI mais l’exception n’annule pas la règle générale qui montre qu’en général les blancs ont un meilleur QI) du fait que par exemple si j’ai un frère jumeau atteint de schizophrénie et que si tout était entièrement génétique, je le serai forcément aussi, or ce n’est pas le cas. Là se pose le problème de savoir si le lien entre la race et les gênes est bien établi au point de dire qu’ils se rejoignent parfaitement. Je ne vois pas en quoi le gêne expliquerait sur la globalité l’inexistence des races.
Ce qui pose problème c’est que l’article estime qu’on n’a même pas à dire qu’un peuple, qu’une langue, qu’une façon de penser est plus élaborée qu’une autre. On sait très bien qu’il y a des langues qui ne peuvent pas avoir la profondeur et la nuance de langues bien plus élaborés (le linguiste Claude Hagège en témoigne). L’article rejette en bloc tout cela et prône une sorte d’égalitarisme naturaliste.
La facteur environnemental se situe t-il dans les gênes ? Parce qu’on peut très bien dire que via l’environnement comme le préconise ces scientifiques, il a été amené à ce que l’homme se sépare en plusieurs races, ce qui rejoint la citation de départ de Lewontin qui peut donner une inclinaison en faveur de l’existence des races tant du point de vue environnemental que du point de vue génétique. Ceci dit, le facteur environnement supposerait que les races soient évolutives, du fait de l’adaptation de l’environnement, et non pas le fait de races immuables qui auraient existé comme ça depuis toujours. Et puis il y a le problème au niveau des métisses, où les classer ? Nous pouvons dire que nous le sommes plus ou moins sur le plan du passé même si sur le plan du présent, je peux être catégoriquement inséré dans la catégorie des blancs par exemple. Tout cela fait qu’il faudrait poser étymologiquement le sens du mot race concernant l’homme. C’est très compliqué tout ça !
Dans l’article ils semblent confondre deux choses. En effet, il est bien évident que le fait de savoir parler, écrire, marcher… est le fait de l’apprentissage environnemental et non pas d’une hérédité génétique qui assurerait cette formation, que donc tout enfant qui n’apprend pas ne pourra pas en faire usage. On pourrait cependant dire que ce potentiel d’apprentissage, le programme est déjà inséré dans l’enfant, il n’a juste qu’à le développer ou non. Les différentes races auraient peut être des programmes différents qui feraient que même si un noir ou un blanc doit apprendre pour courir, il n’empêche que le programme interne du noir fera qu’il aura une capacité de courir plus vite que le blanc, d’une manière générale, ce qui ne veut pas dire que tout noir courra forcément plus vite qu’un blanc. La question de l’apprentissage n’annule pas la notion de race. Le livre de Jon Entine sur l'athlétisme et la performance des coureurs noirs est un exemple frappant.
On voit bien aussi que la querelle entre scientifiques se base sur la fragmentation universitaire où chaque discipline détiendrait la vérité, c’est là que l’auteur de l’article détient les bons points même si il n’a pas forcément conscience de cet enjeu là. Je vois pas bien comment on pourrait uniquement sous l’angle génétique justifier l’existence ou l’inexistence des races. Par exemple l’évolutionnisme biologique à l’époque de Darwin ne connaissait pas les chromosomes, ce qui pose un problème au niveau du progressisme constant de l’évolution. A chaque époque sa discipline phare, celle de la génétique aurait à présent l’étendard de la vérité concernant l’homme, ce qui n’est pas évident quand on sait qu’il nous manque encore bien des éléments. La polémique avec le généticien Bruce Lahn en est la preuve (même si lui n’est pas accusé de racisme).
Pour revenir à l’étymologie, il y a un jeu sémantique dans l’article qui ne devrait pas apparaître. Si le sens du mot race est réservé à l’élevage sélectif et consanguin du chien et si le terme sous-espèce est réservé aux Lions d’Afrique et d’Asie il est évident qu’à partir de là qu’on ne peut absolument pas parler de race ni de sous-espèce humaine. Cela annule t-il pour autant une classification propre aux hommes ? Je ne le crois pas, c’est juste peut être que ces mots sont trop choquants pour nous les appliquer.
"Toute tentative de classification en races humaines est soit impossible, soit totalement arbitraire"
Toute classification est arbitraire, on en finira jamais au niveau de l'affinement des catégories, on le voit par rapport aux animaux comme par rapport aux astres que l'on découvre dans l'espace. Si pour l'homme on préfère ne pas en faire parce que cela pose un problème moral, il ne faut pas dire que c'est impossible mais juste qu'on ne veut pas s'y jeter.
L’exemple de la maladie de Tay-Sachssur sur des Juifs Ashkénazes n’est pas pertinent c’est une évidence, il n’y a pas de race juive (même si beaucoup de juifs peuvent se prétendent comme être une race à part entière avec un gêne spécifique juif) il s’agit comme indiqué d’un problème endogamique, les juifs (moins maintenant) on pratiqués beaucoup d’unions très rapprochées, cela existe encore beaucoup dans les pays orientaux.
L’attaque ad hominem sur Stephen Jay Gould et Albert Jacquard n’a même pas à être prise en objection dans le sens qu’elle singerait les adversaires, parce que dans ce cadre c’est l’article qui pose un sophisme qui n’a pas lieu d’être pour répondre avec un sophisme, alors que les scientifiques qui ne pensent pas comme eux n’y ont pas forcément recours. C’est faire preuve de victimisation pour dire «voyez-vous, les partisans de l’existence des races n’ont pas d’arguments donc ils utilisent forcément les attaques ad hominem » c’est aussi du sophisme de dire cela parce qu’on rabaisse notre adversaire, au final on ne réponds pas non plus à la question. Après faut savoir, si Gould est idéologiquement orienté et peut être aussi considéré comme un partisan d’un certain scientisme, soit il n’est que scientifique et il n’a pas d’avis. A ce que je sache, il a pris position, il assume si sa théorie s’avère fausse, tout scientifique spécule aussi. On ne peut être néanmoins que d’accord avec le fait que même l’existence des races ne doit en aucun cas détruire l’égalité de droit.
L’entretien avec Patrick Tort peut régler le problème sémantique, parce qu’on pourrait parler de « variétés » d’hommes au lieu de parle de race, un mot doux comme le vent frais du matin qui aurait plu à la novlangue d’Orwell.