Bon et t'as matté Ponyo ?
J'ai trouvé ça assez curieux.
Soit Miyazaki a trouvé la clé d'un style narratif qui défie toute rationalité soit il est devenu complètement gaga.
Je me souviens que certains avaient déjà de grosses réserves pour Howl alors que j'y trouvais encore une certaine cohérence (l'aspect changeant de Sophie qui n'était jamais que le reflet de son propre regard sur elle-même, elle se sentait déjà vieille et moche au départ du film) mais Ponyo va encore plus loin dans l'abandon d'une continuité logique. Et cette fois je suis vraiment largué.
Dans la dernière partie, les motivations des personnages secondaires sont totalement ignorées et tout le monde se retrouve réuni pour accueillir Ponyo et Sosuke sans qu'on sache comment ni pourquoi.
On pourrait le voir sous l'angle du conte de fée qui se termine souvent par une fête célébrant l'accomplissement du personnage principal, mais c'est difficilement compatible avec le traitement du début du film qui développe de façon crédible des adultes soucieux de la sécurité et du bien-être de leurs enfants pour ensuite les sacrifier totalement aux déambulations du duo principal.
Curieux aussi que le fond de l'histoire soit finalement l'acceptation de l'autre(sexe), la composition du couple (Sosuke accepte Ponyo, venue de la mer et devenue humaine par affection, et jure de l'aimer et de pourvoir à ses besoins) mais mettant en scène des enfants en très bas âge.
Ce qui encore une fois s'est déjà vu dans les contes de fée, mais concerne ici des personnages brossés de façon réaliste. Sosuke a beau être assez responsable pour son âge, il reste dépendant de ses parents (qu'il appelle curieusement par leur prénom).
Plus flippant encore, le caractère de Ponyo, mono-maniaque et possessive. Rien ne la motive à part "être avec son ami".
C'est elle qui fera se lever une tempête monstrueuse menaçant tous les habitants de l'ile, juste pour rejoindre son ami (il faut voir la scène où Sosuke, blotti bouche bée dans la voiture conduite à toute allure par sa mère, échappe de peu à des vagues en forme de poissons gigantesques montés par Ponyo, sur fond de Chevauchée des Valkyries).
Comme s'il se rendait soudain compte de la puérilité du personnage, le film sort de nulle part une scène où Ponyo croise un couple avec un bébé, auquel elle offre de la soupe. C'est la seule scène où Ponyo montre de l'empathie pour quelqu'un d'autre que Sosuke.
Le film enchante par ses scènes individuelles, l'animation entièrement traditionelle et le chaleur qui se dégage de l'ensemble, mais dès qu'on pousse la réflexion au delà de "c'est beau !" le film prend l'eau de toutes parts.
Je me suis demandé s'il ne fallait pas l'apprécier de façon plus émotionnelle (après tout, je laisse facilement le bénéfice du doute à des cinéastes comme Lynch) mais même de ce point de vue c'est bancal, parce que la première moitié du film est très classique... Définitivement bizarre.
EDIT: Pour poursuivre la réflexion,
une très intéressante critique, en anglais malheureusement.