La société ne va pas mal, non pas par manque de guerre, mais par manque de sens. Le non-sens est le leitmotiv de notre société. Après la guerre, ça a toujours été inclut dans le sens (pour de bonnes ou de mauvaises raisons) par le fait que la guerre est une "ritualisation". La ritualisation, c'est la civilisation, c'est donc la civilité et cela se traduit par la contenance de la violence, faire la guerre c'est quelque part l'éviter au maximum. Bien évidemment, la guerre est toujours violente, les guerres en dentelles ça n'existe pas, mais la ritualisation évite toujours le débordement.
Quand je lis qu'on veut la guerre dans ce topic, avec les avantages qu'elle comporte, j'aimerai déjà dire en quoi la guerre existe encore, dans son sens ritualisé. Aujourd'hui nous sommes entrés (en Occident du moins) dans ce qu'on pourrait appeler le terrorisme. Je cherche pas à parler de Ben Laden ou tout autre agent de la CIA jouant l'acteur pour le spectacle, je parle du principe même de cette nouvelle configuration que s'appelle le terrorisme.
La guerre, c'est une armée qui se bagarre contre une autre, avec un traité de guerre au début et un traité de guerre à la fin. Le terrorisme, ce n'est pas cela.
Les bonnes guerre comme à l'époque de Charlemagne, ce sont des soldats qui se combattent contre des soldats, le civil n'a RIEN A VOIR là dedans.
Le terrorisme ne distingue plus le civil du militaire. Les attentats qu'on a pu voir au cours de ces dernières années s'attaquent uniquement AUX CIVILS ! Le terrorisme ne signe aucun traité de guerre pour commencer, ni de traité de guerre pour finir, tout est complètement imprévisible !
L'évolution d'une société ne peut passer que par la ritualisation, or aujourd'hui le terrorisme, comme la société toute entière casse tout rituel. C'est le début de la barbarie. Non seulement nous entrons dans une nouvelle phase de violence, mais qui plus est nous n'avons même pas trouvés le sens à tout cela, et sans le sens on ne peut faire que n'importe quoi et donc être amené au pire de ce qu'on peut imaginer. Bien sûr, on pourra me dire que les deux guerres mondiales ont étés perçus plutôt rapidement par l'absurdité de leurs déclenchements, mais il n'empêche que le sens y figurait quand même au départ.
C'est justement toutes ces guerres qui ont voués l'homme à se déritualiser, au profit d'une humanité nouvelle qu'il espère meilleur, en paix. Or je crains que ce nouveau paramètre ne fera que retourner à l'incivilité et le primitif, mais avec notre science actuelle, cela peut nous être fatal.
On a mis des millénaires pour fonder ce qu'on pourrait appeler "Église, Famille, Patrie" en ce sens que toutes ces ritualisations ont conduits à développer l'homme pour le rendre ce qu'il est aujourd'hui. Enlever tout ça, c'est retourner vierge, et refaire les mêmes erreurs, sauf que là nous avons à présent les moyens de nous détruire complètement.
Pour moi si on se base sur une vision scientiste du monde que je récuse, je pense que sans la ritualisation la situation ne fera pas spécialement avancer la science. Revenons à notre bonne vieille guerre rituelle !
C'est sûr que l'histoire met du temps à se mettre en place, que la guerre reste présente et que le terrorisme reste trop neuf pour être pris au sérieux, mais c'est apparemment la route que l'homme va tracer, nos vies sont trop courtes pour contempler l'ensemble des situations futures, espérons des sursauts.
Il est évident que l'homme se surpasse durant des événements extraordinaires. Blaise Cendrars (spécial dédicace à Romy

) aurait été certainement différent s'il n'avait pas perdu son bras droit durant la Grande Guerre. Comme on dit, l'histoire jongle entre des périodes de passions et d'intérêts, nous sommes dans une période d'intérêts, aucun d'entre nous n'a vraiment de mérite.
Mais après, il y a des bonnes et des mauvaises réactions vis à vis de la souffrance. La souffrance ne rend pas forcément intelligent, ni même meilleur. Y a pleins de choses médiocres dans les grands tournants de l'histoire sur le plan artistique même du côté de ceux qui souffrent, ou qui croient souffrir, mais là c'est un autre problème.
Faut évoluer avec son temps, croire uniquement que le progrès de la culture de fait par la Guerre, ce n'est pas correct. Aujoud'hui nous vivons une période de médiocrité telle, de déshumanisation, de solitude et d'atrocité mise sous silence qu'on a tous les moyens de résister, de dénoncer et de le véhiculer par la culture d'une manière splendide, et ceux de demain qui se pencheront sur notre époque seront heureux de savoir que des gens étaient brillants dans cette période de bassesse.